Cette année marquera le 80e anniversaire de l’événement.
Lors du coup de force de 1945 en Indochine, l’empire du Japon prend, à partir du 9 mars, lors de la Seconde Guerre mondiale, le contrôle total de l’Indochine française, que son armée occupait depuis 1940. Après avoir détruit l’administration française, les Japonais suscitent les proclamations d’indépendance du Viêt Nam, du Laos et du Cambodge.

Des actions de guérilla s’ensuivent, mais la reddition du Japon à la mi-août survient avant qu’une riposte de grande ampleur, avec l’envoi du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO), puisse être mise en œuvre par la France. Il en résulte une situation chaotique au cours de laquelle le Việt Minh, durant l’épisode dit de la révolution d’août, s’empare momentanément d’une partie du territoire vietnamien et proclame l’indépendance du Vietnam le 2 septembre 1945.

Combats et résistance désespérée

À Đồng Đăng, le commandant Soulié est tué après avoir repoussé trois assauts ; le capitaine Anosse, qui a pris le commandement de la contre-attaque, tient trois jours et trois nuits mais doit cesser le feu également à court de munitions et sa garnison décimée. Les Japonais l’honorent de cet exploit puis l’exécutent aussitôt et massacrent 400 prisonniers.

Marsouins, tirailleurs et artilleurs

À Hanoï, marsouins et tirailleurs de la citadelle, menés par le capitaine Omessa, tiennent vingt heures à un contre dix et repoussent trois assauts dont le dernier est qualifié de fait d’armes, mais finissent par lâcher à court de munitions.

Toujours à Hanoï, le lieutenant Damez, repousse pendant quatre-vingt-dix heures les Japonais en leur occasionnant de lourdes pertes et finit par s’enfuir en forçant les lignes japonaises, après avoir incendié le poste.

On relève particulièrement l’exploit de la vingtaine d’hommes, artilleurs, et leurs trois sous-officiers, retranchés dans « La Légation » à Hué, commandés par deux officiers, le capitaine Bernard et le lieutenant Hamel, résistent toute la nuit contre trois compagnies de Japonais équipés de blindés et d’artillerie.
Le capitaine Bernard, blessé, est fait prisonnier et sera miraculeusement épargné. Il passera, comme des milliers de soldats et de civils français, le reste de la guerre en camp de concentration, sous le commandement japonais, puis viet minh.

Se regrouper pour la contre-attaque

Ordre est donné au groupes français et aux postes disséminés sur le territoire de se diriger vers la Chine, où ils se doivent se mettre  à la disposition de la Mission militaire française en Chine, afin d’ultérieurement mener des actions de reconquête.
Les hommes des colonnes doivent affronter, outre le climat et les désertions de tirailleurs indigènes, le harcèlement des troupes japonaises.
Un repli vers le Yunnan est entamé. Ce film « Les derniers hommes » montre les conditions de ce repli.

Les groupes de militaires français, divisés en plusieurs colonnes, connaissent des fortunes diverses : la « colonne Caponi » succombe le 27 mars, tandis que les groupements Prugnat et Séguin se replient en Chine début avril.

La « colonne Alessandri » résiste durant environ deux mois en se repliant, cette colonne compte environ 5 700 hommes, dont 3 200 autochtones, elle est exfiltrée sur le territoire de la République, dans le but de revenir ensuite en Indochine pour y mener des actions de résistance.

Parachutistes et résistances

Au sud Laos, le capitaine Dumonet et ses chasseurs laotiens débutent des actions de guérilla. Ils sont soutenus par le groupe Legrand, parachuté par la Mission française des Indes.

Au nord Laos, le capitaine Rottier soutenu par le groupe Ayrolles, parachuté, et appuyé par les partisans du Tranninh du chef Méo Touby entrent en résistance.

L’accueil des alliés en Chine

En Chine, les Français sont très déçus par l’accueil des Alliés : ni la République de Chine, ni les Britanniques ou les États-Unis ne sont disposés à venir en aide aux Français.

Dans ses mémoires, le militaire américain Claire Lee Chennault écrit : « Les ordres du GQG précisaient que les unités françaises ne devaient recevoir ni armes ni munitions. J’ai appliqué les ordres à la lettre, sans pouvoir me faire à l’idée que je laissais les Français se faire massacrer dans la jungle, tandis qu’on m’obligeait à ignorer officiellement leur sort ».

La situation en Indochine ne provoque pas de grandes réactions dans la métropole française, encore occupée à se relever de la guerre en Europe. Le 20 avril, ce qui reste de l’armée française d’Indochine est rattaché au théâtre Chine : le général Sabattier est nommé chef de la mission militaire de Chongqing.

Le prologue de la guerre d’Indochine

Malgré la capitulation japonaise, on peut finalement attester que le coup de force japonais a été l’un des événement qui préfigure la suite de l’histoire.

L’Indochine à la fin de la Seconde Guerre mondiale est dans une situation qui constitue le prologue de la guerre d’Indochine. La France, qui a repris le contrôle de la majeure partie du territoire, sort affaiblie du conflit, alors que les forces des indépendantistes communistes de Hô Chi Minh se trouvent renforcées.